A la recherche de nouvelles espèces en Papouasie-Nouvelle-Guinée

11/03/2013 17:33

 

 

Papouasie-Nouvelle-Guinée: une expédition naturaliste sur les traces des espèces inconnues

Créé le 22-10-2012

3e volet de la série d'expéditions La Planète revisitée, la campagne qui vient de démarrer en Papouasie-Nouvelle-Guinée va durer 3 mois. Elle permettra, peut-être, de parfaire notre connaissance de la biodiversité terrestre, dont 80% nous est encore inconnue !

Fore?t du Mont Wilhelm, vers 1700m d’altitude. La partie terrestre de l'expédition est dirigée par Olivier Pascal, de Pro-Natura International. Maurice Leponce / MNHN / PNI

Fore?t du Mont Wilhelm, vers 1700m d’altitude. La partie terrestre de l'expédition est dirigée par Olivier Pascal, de Pro-Natura International. Maurice Leponce / MNHN / PNI

 

AU BOUT DU MONDE. 200 scientifiques de 21 nationalités différentes: c'est une expédition de grande ampleur qui vient de démarrer en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Trois mois durant, ces chercheurs tout-terrain vont explorer les terres et les mers de cette île du Pacifique, située au nord de l'Australie.

Leur mission : découvrir de nouvelles espèces, ramener des spécimens pour les mettre à disposition des labos du monde entier, mieux comprendre les conditions de préservations de la faune et de la flore... et s'approcher davantage d'une réponse à cette question: combien d'espèces y a-t-il sur la Terre?

80 % de la biodiversité nous est encore inconnue

Le chantier est vaste. "Nous sommes la première génération de scientifiques conscients qu'un tiers ou la moitié de la biodiversité disparaîtra d'ici la fin du siècle et que 80% n'est pas encore décrite", commente Philippe Bouchet, du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et responsable du volet marin de la mission. "Voilà des siècles que les hommes sillonnent le monde et paradoxalement, seules deux millions des dix, vingt ou peut-être trente millions d'espèces existantes nous sont connues", résume pour sa part le directeur général du Muséum, Thomas Grenon.

TERRA INCOGNITA. Cette expédition en Papouasie-Nouvelle-Guinée constitue le troisième volet d'un vaste programme baptisé La Planète revisitée, qui désigne plusieurs expéditions naturalistes débutéesen 2006 avec l'île d'Espiritu Santo dans l'archipel de Vanuatu, puis le Mozambique et Madagascar en 2009/2010.

Cette fois-ci, le Muséum, l'ONG Pro-Natura International et l'Institut de recherche pour le développement (IRD) envoient leurs experts en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un des principaux "points chauds" de la biodiversité mais aussi l'un des plus mal connus.

"Avec Bornéo, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'un des seuls endroits au monde où l'on trouve une telle accumulation d'espèces, à la fois sur terre et dans les mers", assure Philippe Bouchet (MNHN).

A partir d'octobre, quelque 200 personnes d'une vingtaine de nationalités différentes (scientifiques, techniciens, artistes, assistants locaux, etc.) vont passer au peigne fin le nord-est de la Nouvelle-Guinée, des profondeurs de la mer de Bismarck par 1.200 m de fond jusqu'aux pentes du Mont Wilhelm à 3.800 m d'altitude, en passant par les récifs du "Triangle de Corail" et les forêts côtières.

Le temps de la boue et des godillots

Invertébrés marins et terrestres, plantes, champignons, algues: la moisson d'espèces totalement inconnues et souvent négligées par la science est déjà assurée. La phase de récolte promet d'être intensive - c'est la phase "boue et godillots", plaisante Olivier Pascal (Pro-Natura International), qui dirige le volet terrestre de l'expédition. L'équipe du chercheur ira notamment explorer les forêts de montagne du Mont Wilhelm, point culminant du pays (3700 mètres d'altitude).

Cliquez sur l'image pour voir un diaporama du Mont Wilhelm (photo Maurice Leponce/ Mnhn/ PNI)

TRIANGLE D'OR. "Cette biodiversité négligée est composée essentiellement d'espèces cryptiques. La collecte se fait principalement à l'aveugle et derrière on monte une usine de tri" avec des rangées de scientifiques passant au crible les échantillons derrière leur microscope, explique Philippe Bouchet. De toute évidence, il y aura de quoi faire. "Tous les biologistes marins rêvent d'aller travailler là-bas: c'est le triangle d'or de la diversité marine", s'enthousiasme M. Bouchet.

Les spécimens récoltés nécessitent des années, voire des décennies, d'analyses et de comparaisons par des spécialistes de telle ou telle espèce.

Une nouvelle espèce de gecko découverte pendant l'expédition sur l'île d'Espiritu Santo

La première, sur l'île d'Espiritu Santo, a déjà donné lieu à 117 publications de recherche et surtout à la description de 103 nouvelles espèces. Principalement des insectes (35), des crustacés (26) et des mollusques (22) mais aussi, beaucoup plus rares, sept vertébrés, dont un gecko découvert seulement après avoir fait éclore en terrarium un oeuf inconnu rapporté des Vanuatu.

Depuis 2009, les forêts sèches de la côte nord du Mozambique, jusqu'alors jamais explorées par des scientifiques, ont déjà livré 28 nouvelles espèces de plantes.

L'expédition en Nouvelle-Guinée peut être suivie à distance sur le site La planète revisitée qui abrite son "journal de bord" et un important volet pédagogique pour initier les élèves à la biodiversité et à la science participative.