Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, contre le projet de barrage... dans le Tarn

28/06/2013 11:08

Thierry Carcenac : « L’homme qui coupait les arbres »

LISLE SUR TARN, 2 juin 2013

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

« L’homme qui coupait les arbres » de Thierry Carcenac

présenté par le Collectif aujourd’hui

à la maison départementale de Sivens

 

Le Conseil Général du Tarn organisait aujourd’hui des animations gratuites à la Maison de la forêt départementale de Sivens dans le cadre d’une exposition « Histoires de graines » qui s’y déroule du 26 mai au 11 août 2013. Cet après-midi, avait lieu une animation de contes et théâtres par la compagnie Les Mouches du coche inspirée par la nouvelle de Jean Giono L’homme qui plantait des arbres.

 

Le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet est venu compléter les animations du Conseil Général avec sa propre mise en scène : L’homme qui coupait les arbres, une adaptation récente initiée par Thierry Carcenac, Président du Conseil Général. Celui-ci tenait le rôle principal et les passants pouvaient le voir en train de tronçonner l’Agenda 21 du Tarn ainsi que le Pôle départemental des zones humides. Derrière lui, pour décor, les 29 ha de surfaces boisées faisant partie de la Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique ou Floristique (ZNIEFF) de la forêt de Sivens[i] (et en partie des Espaces boisés classés jusqu’à présent) qui seraient défrichés si le projet de barrage de Sivens était mis en œuvre comme le souhaite le Conseil Général.

 

Le 17 mai dernier, les conseillers généraux ont voté en catimini (en commission permanente à huis clos) et à la dernière minute (donc sans préparation possible du débat) sur le projet de barrage de Sivens. Il fallait décider si, malgré les avis défavorables des scientifiques et experts du CRSPN[ii] et CNPN[iii], le Conseil Général souhaitait poursuivre le projet. 43 conseillers généraux ont voté pour, Jacques Pages a voté contre et les élus Foissac et Entraygues ont refusé de prendre part au vote pour dénoncer ce déni de démocratie, à l’opposé de la Charte de la participation adoptée à l’unanimité en 2010 par leur institution départementale.

 

La décision de poursuivre le projet de barrage de Sivens appartient désormais à l’Etat. L’un des services de l’Etat, l’ONEMA[iv], met en cause le projet sur de nombreux points, les scientifiques et experts du CRSPN et CNPN ont donné majoritairement un avis défavorable et les Ministres chargés de l’Agriculture et de l’Ecologie appellent à des changements de pratiques agricoles « pour [leur] permettre d’atteindre la performance à la fois écologique et économique. Utiliser moins de produits chimiques, moins de carburant, moins d’eau, c’est à la fois protéger la nature et améliorer sa compétitivité[v] ». De son côté, la Commission d’enquête publique avait donné un avis favorable au barrage de Sivens sous réserve[vi], notamment, que le CNPN donne également un avis favorable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

 

Pour Ben Lefetey : « Il n’a toujours pas été démontré que le barrage bénéficierait à plus d’une vingtaine d’irrigants sur le bassin du Tescou, soit au moins 200 000 €[vii]de fonds publics investis par ferme. Dans ce contexte, vu les nombreux impacts négatifs reconnus, nous ne voyons pas comment la Préfète pourrait considérer ce projet comme d’utilité publique et publier les arrêtés d’autorisation.».

 

Contacts presse : Ben Lefetey (06 99 26 60 66) & Françoise Blandel (0602319690)

Photos et dossier complet sur https://collectif-testet.asso-web.com

(pour une photo de l’action au format impression : Tel 06 99 26 60 66)

 

Le 5 avril dernier, le Collectif avait déjà épinglé le Conseil Général sur

ses contradictions concernant sa politique de développement durable.

Voir https://collectif-testet.asso-web.com/52+communique-de-presse-du-collectif.html




[i] Demande de dérogation à la réglementation relative aux espèces protégées, CACG, Novembre 2012, page 80.

 

[ii] Avis CSRPN / 2012-12-07 / n°003, Commission plénière du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) du 7 décembre 2012. Délibération validée lors de la réunion du CSRPN du 8 février 2013. Avis défavorable à la demande de dérogation à la loi sur les espèces protégées.

 

[iii] Réunie le 8 avril dernier, la commission faune du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) à rendu, très majoritairement, un avis défavorable à la demande de dérogation à la loi sur les espèces protégées.

 

[iv]Courrier de l'office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) à la DREAL le 4 juillet 2012 concernant son avis technique sur la demande de dérogation à la loi sur les espèces protégées : « les mesures de correction et de compensation envisagées ne garantissent pas le maintien en bon état de conservation de l’ensemble des groupes d’espèces précités et impactés par le projet »

Avis technique de l’ONEMA le 04/03/10 et courrier de l’ONEMA à la D.D.T. du Tarn le 22/06/12 : l’ONEMA souligne l’insuffisance d’études qui prouvent que la retenue aiderait à  atteindre les objectifs de bon état chimique des eaux d’ici 2015 et de bon état écologique d’ici 2021. L’ONEMA précise : « Ainsi, le maintien du bon état chimique et écologique de l’eau en aval immédiat de la retenue ne me semble pas garantie et les risques d’irrégularité du projet au regard des articles R. 212-13, L. 214-18 (1er alinéa) et R. 214-6 (4° - c) du Code de l’Environnement subsistent ». 

 

[v] Edito du Ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, CONFÉRENCE NATIONALE « AGRICULTURES : PRODUISONS AUTREMENT » le 18/12/12 : « Plutôt que d’opposer entre eux le modèle « productiviste » et l’exigence environnementale, il faut engager les acteurs dans un changement de leurs pratiques pour leur permettre d’atteindre la performance à la fois écologique et économique. Utiliser moins de produits chimiques, moins de carburant, moins d’eau, c’est à la fois protéger la nature et améliorer sa compétitivité. […] Il nous faudra convaincre plutôt que contraindre. Il nous faudra sortir de logiques individuelles et penser collectif. »

Courrier de la Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie aux directeurs généraux d’agence de l’eau le 02 octobre 2012 : « Il s’agit de replacer la problématique de la gestion quantitative de l’eau en agriculture sur des bases communes nouvelles permettant de renouer le dialogue entre tous les acteurs et de dégager des orientations partagées. »

 

[vi] Conclusions de la Commission d’enquête relatives à la déclaration d’utilité publique des travaux et mesures compensatoires du projet de retenue de Sivens sur le territoire de la commune de Lisle-sur-Tarn, page 9.

 

[vii] Dossier d’enquêtes publiques, Volume 1 – Dossier DUP et DIG, pages 55 et 56 : Le coût des travaux 6 014 000 € + Le coût de libération du foncier 1 041 000 € + Rémunération de l’aménageur 751 000 € = coût investissement total du barrage 7 806 000 €. Divisé par 25 fermes  = 312 240 €/ferme. Si l’on prend en compte seulement la part officiellement destinée à l’irrigation soit 62.8 % (selon Dossier d’enquêtes publiques, Volume 1 – Dossier DUP et DIG, page 44), nous obtenons 7 806 000 € X 62.8 % = 4 902 168 € pour la part irrigation, divisé par 25 fermes = 196 086 €/ferme.

 

Les documents cités concernant la procédure administrative sont consultables surhttps://collectif-testet.asso-web.com