Ils meurent en silence, bien plus qu’un éléphant abattu d’un coup de fusil. Mais les arbres, eux aussi, sont mis en danger d'extinction par le commerce illicite. Il faut donc se réjouir des décisions adoptées, mardi 12 mars, par les Etats présents à la Conférence des parties (CoP16) de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES), qui se tient à Bangkok (Thaïlande) jusqu’au jeudi 14 mars.

Grâce à elles, plusieurs dizaines de bois tropicaux d'Amérique latine, d'Asie et de Madagascar vont recevoir une protection accrue, par le biais de leur inscription à l’annexe II de la Convention.

Contrairement à l’annexe I, celle-ci n’interdit pas le commerce international, mais le soumet à des contrôles et à des permis d'exportation. Après l’inscription, la veille, de cinq espèces de requins et de deux espèces de raies manta à l’annexe II, c’est la deuxième bonne nouvelle de cette Conférence trisannuelle.

«Les requins hier, les bois aujourd'hui : il semble que nous sommes les témoins d'une nouvelle direction pour la CITES », s’est réjoui David Newton, directeur de l’association TRAFFIC pour l’Afrique orientale et australe.

Du côté des environnementalistes, l’ambiance était nettement moins festive qu'en 2010, lors de la CoP15 qui se tenait à Doha (Qatar). Les Japonais avaient alors mené un lobby très efficace, et empêché toute mesure de protection vis-à-vis des requins et du thon rouge de l’Atlantique d’aboutir : le business l’avait emporté.

La plupart des ligneux qui viennent d’être inscrits à l’annexe II sont utilisés dans la fabrication d’instruments de musique (touches de piano), de pièces d’échecs, ou encore d’éléments de mobilier et de décoration. Parmi elles figure notamment une cinquantaine d’espèces du genre Dalbergia de Madagascar : des arbres de bois de rose (ou palissandre) pour lesquels les ONG s’étaient fortement mobilisées, et qui sont abattus à tour de bras pour produire des meubles classiques destinés à la Chine.

« Autrefois considérés comme des articles de luxe uniquement accessibles aux riches,  de tels meubles sont désormais très demandés par une classe moyenne qui ne cesse d'augmenter.  Pendant la seule année 2011, on a ainsi assisté à une multiplication par quatre des prix de ces meubles », détaille le consortium Species Survival Network (SSN), qui réunit environ 80 ONG et travaille en étroite collaboration avec la CITES. Cette demande est également forte en Europe et aux Etats-Unis.


Film documentaire sur le trafic des bois exotiques

En réponse à ce marché lucratif, les abattages illégaux ont évidemment atteint des niveaux plus importants que jamais. Mettant en danger la survie même de certaines espèces.

« De nombreux Dalbergia ont des populations petites et fragmentées, précise le SSN. Le niveau important et non durable des prélèvements et le commerce illicite rampant mènent à des déclins de populations dramatiques et, dans certains cas, à des extinctions commerciales locales. »

L’inscription à l’annexe II ne supprimera pas toutes les menaces qui pèsent sur ces arbres à croissance lente. Elle n’empêchera pas la dégradation de leur habitat due aux pratiques du brûlis, aux feux de brousse et à l’essor de l’agriculture. Mais elle devrait à tout le moins aider les pays détenteurs de ces bois précieux à mieux appliquer leurs réglementations (à Madagascar, la loi interdit l'exportation de bois précieux depuis 2010). Et inciter les pays consommateurs à mieux contrôler leurs importations illégales.

Catherine Vincent

 

4 commentaires à Dans la forêt tropicale, on n’entend pas l’arbre crier

  1. N’oublions pas que les forêts sont les poumons de la planète ; une expression éculée qui reprend tout son sens avec le changement climatique. N’oublions pas que les forêts sont le lieu de vie d’hommes et de femmes de l’Amazonie aux montagnes des Cardamones en passant par la Papouasie et le Congo. N’oublions pas que les forêts abritent une biodiversité d’une extraordinaire richesse (que le reboisement ne remplace que très partiellement), capable de nous fournir des réponses et des éléments de résilience face aux bouleversements climatiques en cours et à venir.

    Rédigé par : Alain GEORGES | le 13 mars 2013 à 12:02 | Répondre | Alerter |
  2. Ikea, Maison du monde, Habitat etc.…Les catalogues de meubles sont si nombreux, si alléchants qu’ils envahissent la table de salon. Plus de place pour poser le plateau Tv. « Il faut acheter une table d’appoint » : me dit ma compagne. « Et tous ces livres qui traînent en pile un peu partout ; il nous faut une bibliothèque supplémentaire ». Et de tee-shirts en album photo en passant par les ustensiles de cuisines et toute une liste à la Prévert, les meubles s’imposent comme une évidence. Ils envahissent la maison et déborde dans l’ abri de jardin et sur le jardin lui-même. Leur impact sur l’environnement … et sur l’homme est important.
    Alors que faire ? Tout d’abord, sans doute, évitez d’accumuler. Ce n’est pas simple dans notre Occident drogué et accro à la consommation. Donner est déjà un premier palliatif. Outre nos proches, de nombreuses associations sont en attente de livres, de vêtements, de jouets et autres objets qui peuvent retrouver une seconde vie. Ensuite, si l’achat du meubles est vraiment inévitable, choisir des meubles portant le label FSC ou des meubles de seconde main.

    Rédigé par : Alain GEORGES | le 13 mars 2013 à 11:55 | Répondre | Alerter |
  3. En plus des déboisements dues aux filières des bois rares pour les meubles,
    d’ importante surfaces y sont déboisées pour permettre d’ y implanter
    des mines d’ aluminium, très profitables pour les ploutos et les banksters
    occidentaux: Ce métal est pourtant le plus répandu de la planète. Il
    comporte de graves dangers de pollutions très dangereux pour l’ Homme:
    Dors et déjà, des eaux, mêmes prétendues potables sont gravement
    affectées et donc susceptibles d’ être responsables de maladies graves,
    dont celle d’ Alzheimer. Ce scandale, comme pour l’ amiante, sera médiatisé
    à un moment comme à un autre.

    Rédigé par : Un " Noir " | le 13 mars 2013 à 10:28 | Répondre | Alerter |
    • A propos de l’alu, il y avait justement hier sur Arte un excellent documentaire. Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, je vous recommande vivement de guetter la rediffusion ou d’aller sur le site web d’Arte.

      Rédigé par : Alain GEORGES | le 13 mars 2013 à 11:38 | Répondre | Alerter |