Débat sur la transition énergétique, par les JNE

12/05/2013 11:57

 

Transition énergétique : un débat à double tranchant

 
par Thomas Blosseville des JNE (Journalistes Ecrivains pour la Nature et l'Ecologie)
 
 
 
 
 
 
Depuis l’automne dernier, la France débat de sa transition énergétique. Après des heures de discussion, l’exercice entame une (dernière) ligne droite décisive. Avec des promesses, mais non sans risque.

Sur le principe, tout le monde s’accorde. Oui, la France doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Oui, elle doit déployer des énergies renouvelables. Oui, elle doit prendre des mesures de sobriété et d’efficacité énergétique. Mais… jusqu’à quel point ? C’est l’enjeu du débat national en cours. Après un démarrage poussif, celui-ci s’accélère. Le 25 avril, trois premiers groupes de travail ont présenté leurs conclusions au conseil national du débat, à Paris. Au menu : sobriété et efficacité énergétique, développement des renouvelables et gouvernance. Le 23 mai, deux autres devraient en faire autant, l’un sur les scénarios prospectifs, l’autre sur le financement. Entre-temps, le 14 mai devrait être consacré à la dimension européenne. Et le 25 mai, des panels représentatifs de citoyens dans les régions françaises seront interrogés. Dans un mois donc, de nombreux éléments seront sur la table des discussions.

D’ores et déjà, un constat s’impose : la France a des idées. Les premiers groupes de travail ont listé une série de mesures potentielles. Assurément, notre pays pourrait sortir du débat avec une véritable boîte à outils pour réussir sa transition énergétique. Elle aurait d’autant plus de légitimité que ces outils sont, souvent, le fruit de consensus. Le groupe sur la sobriété et l’efficacité énergétique a identifié une quarantaine de mesures prioritaires. Celui sur les énergies renouvelables décline des recommandations transversales et par filières. Celui sur la gouvernance a fait une vingtaine de propositions. Restent à venir les groupes sur les scénarios, le financement, la compétitivité, les mutations professionnelles…

Attention toutefois, la méthode a une contrepartie. Le débat national fait la part belle aux consensus. A juste titre, car un débat ouvert est indispensable pour mobiliser l’ensemble de la société. Mais cette approche limite l’ambition. Si, à chaque étape à venir, le consensus initial est rogné, il se réduira in fine à peau de chagrin. C’est bien là l’enjeu du bras de fer qui s’engage maintenant entre les différents groupes de pression.

Car une boîte à outils ne suffira pas. Il faudra aussi établir des priorités et fixer des objectifs. Force est de constater que les tenants de l’ordre actuel n’ont pas tous intérêt, à court terme, à engager la transition. Ainsi, les économies d’énergie s’imposent toujours plus comme une impérieuse nécessité. L’un des objectifs est d’atteindre le « facteur 4 », c’est-à-dire diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici à 2050. Selon les scénarios prospectifs, pour y parvenir, il faudra diviser par 2 la consommation d’énergie… ou un peu moins si surviennent des évolutions technologiques, encore loin d’être garanties. Dans ces conditions, quel objectif se fixer ? Le 25 avril, lors de la dernière réunion du conseil national du débat, les représentants du patronat et certains des syndicats de salariés se sont opposés à viser formellement une division par 2 en 2050 de la consommation d’énergie française. Pourquoi ? En quoi étaient-ils représentatifs des patrons et salariés ? Mystère !

 

C’est le gouvernement et les parlementaires qui, au final, trancheront par la loi. Les conclusions du débat en cours alimenteront leur réflexion. Mais sous quelle forme ? Une simple boîte à outils ? Des recommandations ? Une liste des principales options, chiffres et arguments à l’appui ? Cela n’est pas encore décidé, et laisse à chaque partie prenante la possibilité de contribuer à orienter l’issue du débat. Pour le meilleur ou le (moins) pire.