Importantes mesures contre le trafic de l'ivoire

23/05/2013 19:33


Policiers et défenseurs des éléphants

s'allient contre le trafic d'ivoire

LE MONDE 

Un éléphant au Kenya.

 

Face au crime organisé qui prospère en Afrique sur le trafic de l'ivoire, Interpol a décidé de nouer une coopération inédite avec l'IFAW, une puissante organisation de conservation américaine impliquée depuis longtemps dans la lutte contre le commerce illicite des espèces sauvages.

Les deux organisations ont signé, mercredi 22 mai à Lyon, au siège de la policeinternationale, un "mémorandum d'entente" pour trois ans qui prévoit, outre des échanges d'informations, l'organisation d'opérations conjointes dans les pays où sévissent les trafiquants. "Notre objectif est d'identifier les réseaux criminels et de les faire condamner", explique Azzedine Downes, le directeur général d'IFAW. Jusqu'alors, l'organisation non gouvernementale était surtout intervenue auprès d'Interpol dans des actions de formation des policiers et des douaniers chargés d'intercepter les marchandises frauduleuses.

Quelque 1 700 fonctionnaires ont été formés dans trente-neuf pays depuis 2005. Un coup de filet contre les braconniers et des saisies des produits d'ivoire ont aussi été engagés dans dix pays d'Afrique centrale et de l'Ouest fin 2012. Il s'agit maintenant d'aller plus loin.

"NOUS DEVONS TRAVAILLER COMME SUR UNE SCÈNE DE CRIME"

"Nous voulons démontrer que des ONG et des institutions internationales qui partagent la même vision peuvent travailler ensemble. Nous avons des réseaux et une expertise complémentaires", met en avant David Higgins, directeur du département chargé de la criminalité environnementale à Interpol. A Lyon, l'équipe affectée à la lutte contre le trafic de l'ivoire se résume à deux personnes. Elle peut certes s'appuyer sur les antennes que possède Interpol dans tous les pays mais ses moyens sont faibles. C'est grâce aux 500 000 dollars (387 000 euros) apportés par l'IFAW que les opérations sur le terrain pourront être financées. "Les pays où sévit le trafic d'ivoire n'ont souvent pas les moyens de nous donner de l'argent", reconnaît M. Higgins.

De son côté, l'IFAW entend tirer de ce partenariat une forme de "notabilité" que les gouvernements et les administrations sont souvent encore réticents à accorderaux ONG. "Les fonctionnaires de police se méfient souvent de nous, ils ne partagent pas leurs informations. Notre accord avec Interpol devrait rendre les choses plus faciles", espère Azzedine Downes en imaginant aussi pouvoir plus aisément mobiliser des policiers lorsqu'une enquête doit être diligentée sur un massacre d'éléphants. "Nous devons travailler comme sur une scène de crime,relever tous les indices, identifier les armes utilisées... C'est en produisant des preuves que nous pourrons lutter contre les réseaux. De même, qu'il faut pouvoirtraquer les flux financiers du commerce de l'ivoire et seul Interpol dispose au niveau international d'accéder aux comptes bancaires. "

Le massacre des éléphants d'Afrique pour alimenter la mafia de l'ivoire dont la principale destination est la Chine atteint une ampleur inégalée depuis le moratoire sur l'ivoire adopté en 1989. Au rythme de 25 000 à 30 000 animaux chaque année, les pachydermes pourraient avoir disparu d'ici dix ans.