Intensification des vols de grues dans l'Aube

01/07/2013 10:32

Le 17 février, le 18 et surtout le 19 février les vols de grues cendrées se sont intensifiés au dessus du Pays d'Othe. Un groupe comptait plus de 160 individus. Quelques photos au dessus de Chennegy/Bercenay en Othe.

On peut s'amuser à les compter au dessus du Bois de Bucey en Othe (le 19 février) :

 

 

Pour faire le point sur leur migration au jour le jour cliquer sur ce lien :

 https://champagne-ardenne.lpo.fr/grues/point_sur_la_migration.htm

 

Une page intéressante sur la grue cendrée et les différents types de vols d'autres oiseaux migrateurs

 

 

 

La Grue cendrée

 
 
   
 



Livret "La Grue cndrée"

La Grue cendrée (Kraniche, Crane, Grus grus) est l'un des plus grands oiseaux d'Europe, avec une envergure de 2 m et un poids de 4 à 6 kg. Elle revêt un plumage d'un gris presque uniforme. Son cou relativement long et ses grandes pattes lui confèrent un port altier et des allures d'une rare élégance. L'adulte se distingue par le contraste noir et blanc au cou et à la tête, marquée d'une tache rouge vif. Sa queue en panache, rappelant celle d'un coq, est en réalité formée par les dernières plumes de l'aile, très allongées et bouffantes. Le jeune présente un plumage brunâtre qu'il ne conserve qu'un an : la livrée adulte est acquise progressivement.

Comment la reconnaître ?

     
Oie   Cormoran   Héron cendré   Grue cendrée
Plus petite que la grue, les pattes ne sont pas visibles   Plus petit, avec un battement d'ailes plus rapide   Remarquez le cou replié   Cou tendu, pattes tendues

Leurs cris, "GROU GROU", ne trompent pas. Au vol, les grues sont caractérisées par un grand cou et des grandes pattes dépassant du corps.

La Grue cendrée en quelques chiffres
Protégée en France depuis 1967
Vitesse de vol : 40 à 80 km/h
 (elle peut donc traverser la France en moins d’une journée)
Altitude de vol : de 200 à 1500m
Population ouest-européenne : 250 000 
individus
Population européenne totale : 400 000 individus
20 pays accueillent les Grues nicheuses, en ordre d'importance décroissante : Russie, Finlande, Suède, Pologne, Allemagne, Norvège, Lettonie, Estonie, Biélorussie, Lituanie, Ukraine, Turquie, Danemark, Arménie, République Tchèque, Géorgie, Grande-Bretagne, France, Roumanie et Pays-Bas.

Sur la carte (Réalisation : Romain Riols): en marron les zones de reproduction et en bleu les zones d'hivernage. Les pointillés marquent les principaux couloirs migratoires. Cliquez sur la carte pour l'agrandir.


 

Reproduction

Cette espèce, sociable et très grégaire lors des migrations et de l'hivernage, devient territoriale au moment de la nidification. Les oiseaux ne deviennent aptes à se reproduire qu'à l'âge de 3 à 5 ans. Le couple, uni pour la vie, niche solitaire sur de vastes étendues de marais ou forêts marécageuses pouvant atteindre plusieurs centaines d'hectares. Le nid, large plate-forme d'herbes sèches, est construit à terre. En mai, il reçoit 1 ou 2 œufs que les adultes couvent à tour de rôle pendant 4 semaines. Peu après l'éclosion, les poussins sont capables de suivre leurs parents et de se faufiler dans les marais à la recherche des insectes, mollusques et petits vertébrés qui composent alors l'essentiel de leur nourriture. Par la suite, Ils consomment davantage de végétaux : herbes tendres, plantes aquatiques et baies.
L'envol des jeunes âgés de 2 mois intervient entre la mi-juillet et la fin d'août. La famille reste unie jusqu'à la fin de l'hiver.

Photo : Fabrice Cahez
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Migration d'automne

Après l'élevage des jeunes, en août et septembre, des milliers de Grues se rassemblent sur l'île suédoise d'Öland. De là, elles gagnent la côte sud de la Mer Baltique l'île de Rügen et ses environs accueillent en octobre au moins 30.000 oiseaux, tandis que 15.000 autres stationnent plus à l'intérieur de l'Allemagne.

Un premier départ s'effectue vers la fin du mois et précède d'une à trois semaines la vague principale des migrateurs. 

Fuyant l'arrivée du froid qui les empêche d'accéder à leur nourriture, plus de la moitié des Grues d'Europe occidentale passent en 2 ou 3 jours. Les autres suivent en décembre. La vitesse de vol varie de 40 à 70 km/h en fonction des vents et les déplacements s'effectuent de jour comme de nuit à des altitudes comprises entre 200 et 1.000 m (exceptionnellement jusqu'à plus de 4.000 m).


La migration d'automne

Selon les conditions météorologiques, une fraction plus ou moins importante des effectifs s'arrête dans le nord-est de la France(Lorraine et surtout Champagne) et dans le sud-ouest(Landes de Gascogne). La lagune espagnole de Gallocanta,dans la province de Saragosse, est la dernière étape avant la dispersion sur les grandes zones d'hivernage du sud-ouest du pays (Estrémadure). A l'exception de quelques milliers qui demeurent en France et d'autant poussant jusqu'au Maroc, la quasi-totalité des oiseaux séjournent tout l'hiver dans la péninsule ibérique.

Plus à l'est, une autre voie migratoire mène les Grues de la Finlande à la Tunisie et à l'Algérie en passant par la grande plaine hongroise.

Le retour au printemps

Dès février, la migration reprend en sens inverse vers les zones de reproduction du nord de l'Europe. Le passage est plus rapide qu'à l'automne et culmine entre fin février et début mars. L'itinéraire est légèrement décalé vers l'est mais les mêmes zones sont utilisées lors des haltes.

En Suède, c'est le lac Hornborgasjôn qui devient en avril le principal site de rassemblement avant la dispersion des adultes vers les lieux de nidification. Le spectacle fantastique du ballet des Grues lors de leurs parades nuptiales a rendu Hornborga célèbre dans l'Europe entière.

    

 


Le trajet de retour


Localisation des principaux sites français d'hivernage

Couloir  migratoire

Lors de leur migration, les 250 000 Grues cendrées qui composent la population estimée d'Europe occidentale survolent pour partie la France en empruntant un couloir d'environ 200 km de large, orienté sud-ouest à l'automne et nord-est au printemps. En fonction de la fatigue, de la faim ou du mauvais temps, des haltes ont lieu tout au long du parcours. Mais quelques zones seulement accueillent régulièrement des oiseaux en grand nombre : la Lorraine, la Champagne Humide, le Centre de la France et les Landes de Gascogne. Plusieurs milliers de Grues y passent  l'hiver, si la rigueur du froid ne les en chasse pas. Permettant aux oiseaux de satisfaire leurs besoins énergétiques et de récupérer de leur fatigue, ces zones de stationnement sont devenues indispensables au bon déroulement de la migration.

Les haltes migratoires en Champagne Ardenne

Depuis le début des années 80, le lac du Der-Chantecoq est devenu l'un des quatre principaux sites de stationnement d'Europe occidentale.

Depuis la mise en eau en 1974 et le classement en réserve, ces stationnements sont devenus réguliers et concentrent la totalité des oiseaux du secteur. Le pouvoir attractif du lac imprime un resserrement du couloir de migration et invite, selon les années, 30 à 70 % des oiseaux à s'y arrêter. Le choix de cette terre d'accueil s'est effectué en fonction de deux facteurs essentiels à ces grandes migratrices :

tranquillité sur le lac où elles passent la nuit et dans les plaines proches, où le paysage transformé par l'agriculture moderne offre une visibilité sans obstacle qui satisfait une vigilance de tous les instants,

abondance de nourriture fournie principalement par les résidus des cultures de maïs.

Un vol de Grues cendrées au lac du Der
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Les Grues cendrées, l'hiver dans la région du Der
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Dès le mois d'octobre mais surtout en novembre, les Grues s'arrêtent sur le lac. 
Après s'être regroupées au cours de l'après-midi, elles regagnent le lac par grandes bandes jusqu'à la tombée de la nuit.
Elles restent quelques jours ou quelques semaines puis reprennent leur route vers le sud.
Toutefois, retenues par une nourriture abondante, plusieurs milliers d'entre elles demeurent ici l'hiver, tant que le gel ou la neige ne les empêche pas de s'alimenter.

Au mois de février et mars, le retour des migratrices se concentre en général sur une dizaine de jours. A l'approche de la saison de reproduction, les stationnements sont de courte durée.

Le spectacle est grandiose quand, au petit matin, ces milliers de Grues quittent le lac dans une clameur incessante. Leurs admirateurs, venus de toute l'Europe, n'oublieront jamais ces instants là.

Pour découvrir une page consacrée aux Grues cendrées au lac du Der
Cliquez ici (site de Diane Castanet)

Le lac de la Forêt d'Orient, autre grand lac artificiel de Champagne, attire lui aussi bon nombre de migratrices. Sa situation géographique privilégie les haltes au printemps. Le milieu, plus forestier, est moins favorable aux Grues que le proche lac du Der. Les stationnements y sont de plus courte durée et les nombres d'oiseaux plus réduits.

Protégée et pourtant menacée

  La chasse et la destruction de sites de nidification (assèchement de marais) ont suffi à éliminer entre 1880 et 1965 les populations nicheuses de toute la moitié sud de l'Europe.

Si l'espèce semble actuellement à l'abri de l'extinction, il n'en demeure pas moins que de graves dangers la menacent :
transformation des sites d'hivernage par le déboisement des chênaies espagnoles dont les glands fournissaient une nourriture abondante,
dépendance de plus en plus grande vis à vis des productions agricoles entraînant empoisonnements et stérilité liés à l'utilisation massive de produits chimiques dangereux,
drainage et surexploitation des forêts nordiques détruisant une partie des zones de nidification.

D’autres dangers existent : les lignes électriques, menace permanente pour les grands migrateurs, et la chasse qui continue à faire chaque année des victimes chez une espèce pourtant totalement protégée.

Des mesures agri-environnementales en diminution.

Les Grues cendrées utilisent principalement les grands réservoirs comme dortoirs et se nourrissent dans les champs aux alentours, surtout dans les chaumes de maïs à l'automne.
Des mesures conservatrices pour l'espèce et préservatrices pour les cultures ont été élaborées en 1993 par la LPO en concertation avec le monde agricole grâce à des crédits européens. Ces mesures agri-environnementales ont été reconduites pour 5 ans (1998/1999 à 2002/2003) dans les périmètres autour des grands lacs de Champagne Humide. Les agriculteurs qui souscrivaient à de telles pratiques (pas de labour sur leurs chaumes de maïs avant le 15 décembre ou le 15 mars) recevaient en compensation une aide financière. Le suivi était assuré sur le terrain par la LPO.
Ces mesures n'ont pas été pérennisées. Les Contrats d'Agriculture Durable (CAD) les ont remplacées en 2003. Ce nouveau dispositif ne répond malheureusement pas aux mêmes objectifs et les surfaces contractualisées ont fortement été réduites.

Pour en savoir plus sur cet oiseau, visitez le site grus-grus.eu

Informations sur les lieux d'hivernage en Europe
La migration, site par site