Le dernier poisson "français" de l'année

18/05/2013 18:01

 

Le dernier poisson français de l'année


La France importe 62 % de sa consommation de produits de la mer.

 

La France à court de poissons à partir de samedi : c'est ce qui se produirait si le pays n'avait recours aux importations pour satisfaire 62 % de sa consommation. A cette date, le 18 mai, l'Hexagone aura théoriquement épuisé les approvisionnements fournis par sa propre flotte de pêche, même en y intégrant la production du secteur de l'aquaculture.

En 1990, cette date fatidique – et théorique – tombait le 6 septembre ; en 2011, c'était le 13 juin ; en 2012, le 21 mai ; cette année, elle arrive dès le 18 mai. Ce moment critique de plus en plus précoce trahit un déclin de la ressource.

A l'échelle de l'Union européenne, le même problème se posera cette année à la date du 8 juillet – deux jours plus tôt que l'année précédente – et risque deconduire les Vingt-sept à se tourner de plus en plus vers les eaux territoriales des pays du Sud avec lesquels ils ont conclu des accords de pêche, après avoirépuisé leurs propres stocks halieutiques. Dans l'Union, seuls trois pays, l'Estonie, l'Irlande et les Pays-Bas, sont à peu près autosuffisants en produits de la mer. 

LE JOUR DE "DÉPENDANCE"

La coalition d'ONG Ocean 2012 a pris l'habitude de faire calculer par un groupe de réflexion indépendant, la NEF ("New Economics Foundation"), basée à Londres, le jour où les pays européens basculent dans la "dépendance" aux apports extérieurs.

C'est pour elle un moyen d'alerter l'opinion sur les populations de poissons qui ne sont pas prélevées selon un rendement maximal durable (RMD), autrement dit qui risquent de s'épuiser si le rythme actuel est poursuivi. La NEF estime que, si l'on cessait complètement de pêcher les 43 espèces surexploitées, celles-ci pourraient se reconstituer en l'espace de cinq ans.

37 KG DE POISSON PAR FRANÇAIS

La surpêche n'est pas la seule cause d'un déficit qui se creuse. Les produits de la mer sont aussi de plus en plus consommés. Selon la FAO, la moyenne mondiale était de 17 kg par habitant et par an en 2010. Chaque Français en mange 37,3 kg, tandis que les Espagnols en dégustent 42 kg.

Au total, la NEF souligne que ce phénomène n'est pas seulement préoccupant pour l'environnement marin, il a aussi un impact sur l'économie, puisque des stocks halieutiques en régression entraînent fatalement une diminution des emplois dans le secteur de la pêche et de la transformation.

Lire : Lutter contre la surpêche créerait à terme des emplois