Limites à la croissance, une autre décroissance, des propos de Dennis Meadows, environnementaliste américain, chercheur au MIT

13/02/2013 20:02

 

 
 
RIO21/06/2012 à 15h43

Le mot «décroissance», un «suicide politique»  pour Dennis Meadows

Sophie Caillat | Journaliste Rue89

De la boue séchée (Sumson/Flickr/CC)

A l’heure où la planète a rendez-vous à Rio pour parler d’« économie verte », la voix de Dennis Meadows mérite d’être écoutée. Environnementaliste américain, il était chercheur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et âgé de seulement 30 ans lorsqu’il a publié, avec ses collègues, en 1972, le rapport sur « Les Limites de la croissance », à la demande du Club de Rome.

MODÈLE COMPLEXE

L’équipe du MIT a modélisé un système très complexe, à savoir l’humanité. Parmi les dizaines de variables : la population globale, la superficie cultivable par individu, les ressources naturelles restantes, le quota alimentaire par personne, la production industrielle par tête, le capital industriel global, le niveau de pollution.

 

Ils définissent ainsi l’empreinte écologique de l’humanité par rapport à la capacité de charge de la Terre.

Au beau milieu des Trente Glorieuses, ce texte devenu un best-seller créa un choc dans le monde développé. Pour la première fois, d’éminents spécialistes des systèmes complexes avaient modélisé l’humanité et son développement, et prévenaient que des limites écologiques physiques viendraient freiner cette expansion.

Sa réédition augmentée en français, quarante ans après (éditions Rue de l’Echiquier), est saisissante car on s’aperçoit de la capacité de prédiction de ces modèles.

Une croissance soutenue ne peut être l’horizon de l’humanité, affirme-t-il encore aujourd’hui. La crise financière en est pour lui le symptôme, de même que le Printemps arabe. Entretien.

Rue89 : Pensez-vous être écouté par les dirigeants actuels ou seulement par les écologistes convaincus ?

Dennis Meadows : Je vois rarement mes propos faire changer des situations, même s’il est vrai que beaucoup de gens viennent me voir avec un exemplaire de mon livre de 1972 en me disant qu’il a « changé leur vie ». Les actuels ministres de l’Environnement ont lu mon livre il y a quarante ans, et ça les a influencés.

Aujourd’hui, il faudrait des changements drastiques de comportement, or la tendance naturelle des politiques est de chercher à résoudre le problème immédiat en faisant des changements marginaux.

C’est ce qu’on voit à Rio où convergent 50 000 personnes, sans aucune utilité.

Vous conseillez aux gens de ne pas aller à Rio ?

Je ne dis pas ça. Mais la plupart des sujets importants discutés à Rio ont été préparés en amont, les discussions constructives ont eu lieu avant. A Rio, vous avez deux types de personnes :

  • les représentants des gouvernements, qui vont là bas pour être sûrs que rien n’arrive qui pourrait compromettre leurs intérêts nationaux ;
  • d’innombrables ONG, ou des gens intéressés par le développement ou les ours polaires… Pour eux, Rio est une opportunité de « réseauter », de rencontrer des gens.

Moi je suis un scientifique, pas un politique, je n’ai rien à faire là-bas. Si j’étais dans le milieu environnementaliste, je pense que je serais enchanté de passer du bon temps à Rio. A ceux-là, je veux juste dire : n’imaginez pas que les choses importantes se passent lors des réunions officielles.

Que vont faire les gouvernements à Rio alors ?

Dès que vous devez faire des déclarations communes à plus de cent pays, il n’y a rien de simple. Ne croyez pas que de nouvelles politiques peuvent émerger de Rio. Tout a été discuté en amont, il ne peut y avoir que des déclarations convenues.

Pensez-vous que la crise actuelle peut pousser les gouvernants à agir pour l’environnement, ou va au contraire les freiner ?

Nous sommes face à un dilemme sérieux : la crise financière pousse les politiques à avoir des perspectives de très, très court terme – ils doivent éviter le naufrage des banques pour le mois prochain – alors que la préservation de l’environnement exige des perspectives de très long terme. C’est une spirale destructrice : plus nous agissons pour le court terme, plus la crise de long terme s’aggrave.

Etes-vous plus pessimiste qu’il y a quarante ans ?


« Les Limites de la croissance » de Dennis Meadows

Il y a deux fois plus d’habitants qu’il y a quarante ans, et le niveau de vie a augmenté, donc on met plus de pression sur la planète.

Le CO2 est un bon exemple : tout le monde admet que les émissions doivent baisser mais elles ne cessent de monter, et l’an dernier, elles ont été plus élevées que jamais. Pourquoi ? Parce que personne ne veut faire de sacrifices de court terme pour des bénéfices de long terme.

Avez-vous souffert de la marginalisation après la publication de votre rapport en 1972 ? Et aujourd’hui encore ?

Au début des années 70, des économistes ont essayé de discréditer mes analyses car elles leur semblaient importantes. Maintenant, ils les ignorent simplement.

Mes opposants ont tout fait pour détourner l’attention du message principal : ils ont sorti du contexte mes données, ou tenté de dire que j’étais acheté par des gens qui voulaient bâtir un gouvernement mondial (regardez sur le Web tout ce qu’écrivent les conspirationnistes).

Désormais, il y a des centaines de rapports qui confirment ce que je dis depuis quarante ans.

Mais pourquoi n’êtes-vous pas écouté si vous avez raison depuis quarante ans ?

Prenez la Grèce, son niveau de vie est en train de baisser. Aux Etats-Unis, la classe moyenne a vu son revenu diminuer depuis vingt ans, ce n’est pas de la fiction.

Supposons que nous nageons, que je mets votre tête sous l’eau et je vous parle du changement climatique : vous vous en fichez du climat, à court terme, vous voulez juste respirer.

Pourquoi estimez-vous que le « développement durable » n’est plus un bon concept ?

Il y a plus de cent définitions de ce terme, et aucune ne fait autorité. La définition la plus courante est : « Satisfaire nos besoins d’aujourd’hui sans compromettre les possibilités des générations futures de faire face à leurs propres besoins. » C’est fantaisiste. Comment donner aux gens plus aujourd’hui sans compromettre demain ?


Dennis Meadows à Tokyo, en avril 2009 (KAZUHIRO NOGI/AFP)

Ceux qui utilisent le terme « développement durable » le font juste pour justifier ce qu’ils vont faire de toute façon. La croissance verte, c’est juste un moyen de justifier la croissance.

Allez demander aux pauvres : ils vous diront que le développement durable, ça veut dire que les riches vont réduire leur train de vie. Allez demander aux riches : ils vous diront que ça veut dire que les pauvres vont arrêter de faire autant d’enfants...

Regardez Rio : quelle attention va être prêtée à la question de stabiliser la population mondiale ? Aucune. Vous ne pouvez pas avoir une espèce humaine durable si elle continue de croître à l’infini.

Certains projettent, sur la base de modèles pas très fiables, que la population va se stabiliser à neuf milliards, mais on est déjà à plus de sept ! Comment imaginer que les riches vont continuer à avoir autant qu’aujourd’hui et que les pauvres vont rattraper leur niveau de vie sans abîmer le système ? C’est insensé.

Il n’y a pas de preuve empirique que l’on peut découpler la croissance économique des dégâts faits à la planète. On peut faire un peu moins de mal, mais pour avoir une planète soutenable, il faut une croissance négative.

Vous me faites penser à Tim Jackson, que nous avions interviewé sur ce sujet. Mais lui préconise des investissements massifs dans les énergies propres. Pas vous ?

Attention aux résumés simplistes de ce qu’il dit. Bien sûr que c’est important, alors que nous allons manquer de pétrole, d’investir dans les énergies renouvelables. Mais on a besoin de plein d’autres choses : protéger les ressources en eau, modifier l’agriculture... Les énergies renouvelables ne produisent que de l’électricité, alors que nos principaux besoins en énergie concernent les transports. On ne fait pas encore voler les avions à l’électricité que je sache !

Vous vous définissez comme « malthusien » ?

Ses idées étaient valables : la population croît de manière exponentielle tandis que la production de nourriture croît de manière linéaire. Disons que l’Histoire ne lui a pas donné tort. Mais Malthus n’a pas décrit de solutions, seulement des phénomènes, et puis c’était il y a 300 ans.

En France, on a le mouvement de la décroissance. Vous revendiquez-vous de ce bord-là ?

C’est un terme horrible. Les idées sont bonnes, les perceptions de la réalité qui amènent à vouloir décroître sont excellentes, mais le terme lui-même est un suicide politique, il est totalement négatif.

J’ai une amie japonaise qui veut démarrer un mouvement de décroissance, elle a appelé cela le « centre du bonheur humain et des systèmes alternatifs ». C’est exactement la même chose mais ça passe beaucoup mieux !

Je suis rarement aussi tranché dans mes jugements, mais là je suis absolument certain qu’en tant que mouvement public, il ne pourra pas avoir d’influence s’il utilise ce terme. Regardez Rio : tout est concentré autour de la croissance, qui parle de la décroissance comme solution ? Personne !

C’est peut-être incompatible avec la nature humaine d’imaginer revenir en arrière…

L’humanité est sur cette planète depuis 300 000 ans et jusqu’à il y a cinquante ou soixante ans, la croissance n’était pas un sujet. Aux XVIe, XVIIe, XVIIIesiècle, vous naissiez dans une famille et vous espériez avoir le même niveau de vie que vos parents, avoir le même statut social... La croissance est une idée très récente !

Vous écrivez que l’on a utilisé plus de 150% des ressources de la planète. Comment faire comprendre cela aux gens ?

Ce ne sont pas mes chiffres, ce sont ceux de Mathis Wackernagel, le concepteur de l’empreinte écologique mondiale. Pour mieux expliquer, je prends souvent l’exemple du compte en banque : vous avez économisé beaucoup d’argent et votre compte est très plein, mais vous pouvez le vider très vide. C’est ce qu’on fait : on épuise très vite les ressources, par exemple fossiles, qu’on a mis des millénaires à accumuler.

A votre avis, si l’humanité venait à changer, cela viendrait plutôt des pays du Nord ou du Sud ?

La situation actuelle me fait penser à « Tragedy of the commons », un article devenu un classique. Dans les temps anciens, il y avait au milieu du village un « common », un pâturage pour tout le monde. Si chacun met ses vaches dessus, plus personne ne pourra pâturer.

C’est ce qui se passe avec l’empreinte écologique. Prenons les ressources halieutiques : chaque pays peut devenir plus riche à court terme, mais quand la ressource sera épuisée, plus personne ne sera riche.

Nous sommes « addicts » à la croissance ; cela a-t-il une chance de changer ? N’est-ce pas trop tard ?

En théorie, ce n’est pas trop tard, mais en pratique si. Ce n’est pas la nature de l’être humain de désirer toujours plus, mais c’est comme ça qu’il se comporte. Nous avons bâti ce système économique basé sur la consommation sans limite, avec la publicité qui vous donne envie de cela et la banque qui vous pousse à emprunter et les gouvernants qui creusent la dette... Je ne pense pas que cela va changer.

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  • « C’est un terme horrible. Les idées sont bonnes, les perceptions de la réalité qui amènent à vouloir décroître sont excellentes, mais le terme lui-même est un suicide politique, il est totalement négatif. »

    Le pouvoir des mots... il y a le même problème en sciences où n’importe qui se permet de remettre en cause toute théorie scientifique sous prétexte que « c’est juste une théorie ».

    Enfin bref, le terme « décroissance » est à mettre à la poubelle, je pense que les gens devraient y préférer le terme de « sobriété » (a.k.a. « on a pas besoin de toutes ces saloperies du supermarché du coin »).

  • hubertcampan
    hubertcampan 
    penseur

    Aaah ! Les mots. Alors même que la situation est catastrophique, l’homme aime à disserter. Le bateau va s’échouer sur les rochers et il est encore à discuter de la manière dont il va l’annoncer aux passagers.
    Le manque de maturité des adultes d’aujourd’hui est ce qui pose problème. Leur éducation (influence culturelle, marketing, religions...) les a transformés en moutons apeurés suivant sans discernement le reste du troupeau à sauter de la falaise.
    Décroissance est un mot qui colle bien à la réalité. Tout comme le rapport de Monsieur MEADOWS à l’époque. Ne pas en vouloir, ne pas regarder la réalité en face ne changera rien aux faits.
    Prenons plutôt à bras le corps notre avenir. Regardons les rochers arriver avec sang froid pour pouvoir agir correctement et ne sautons pas de la falaise avec le reste du troupeau.

    Hubert CAMPAN

  • PaulDe
    PaulDe répond à A déménagéle 14-12-2012 
    assis

    non non « décroissance » est adaptée, puisqu’il il s’agit effectivement de diminuer la population, les infrastructures, routes, écoles, hôpitaux se vidant, ils ne pourront donc plus être financés,
    il faudra donc se faire à l’idée
    - que votre col du fémur cassé ne sera pas réparé,
    - que l’enfant souffrant d’une maladie génétique ne sera pas aidé,
    - que certaines régions et campagnes seront difficiles d’accès,
    - que des pylônes électriques ne seront plus remplacés,
    - que vos enfants iront à l’école épisodiquement pour apprendre le strict minimum, les astronautes, médecins et conducteurs de TGV n’ayant plus besoin d’être formés.

    La décroissance c’est la fin de l’empire romain, la fin de l’entretien des routes, aqueducs, viaduc, thermes, forums etc...
    mais on n’avait peut-être pas besoin de tout ça

  • cartesi1
    cartesi1 
    pHD student

    Il y a quelque chose d’assez surprenant dans cet article. On parle de décroissance en avançant bien souvent les limites « physiques » du monde dans lequel on vit ce qui est tout à fait juste. Il faut peut être rappeler quelque chose ... c’est que la décroissance est déjà à l’œuvre.. L’Espagne est en décroissance (ou récession) et bientôt un certains nombre d’autre pays (dont la France). Le monde s’achemine plus vers la décroissance que vers la croissance n’en déplaise à M Hollande.
    Bref il y a un côté un peu cynique dans cet article et je trouve ça étrange que l’on ne fasse pas le lien avec la situation économique actuelle ...

  • J.Nimbusa
    J.Nimbusa 
    Voyageur

    Terrifiant et réaliste.
    Pour plus de détail sur l’empreinte écologique : Empreinte écologique

  • MarxForEver
    MarxForEver répond à A déménagéle 14-12-2012 
    L'argent n'existe pas

    « il y a le même problème en sciences où n’importe qui se permet de remettre en cause toute théorie scientifique »

    Encore heureux ! ! Nous ne sommes pas là pour faire de la scholastique ! ! Le moyen-âge est fini (enfin, on espère)

    C’est par ce genre de contestation qu’est née l’écologie ! C’est le premier chapitre de l’origine des espèces qui établit que la reproduction sexuée est indispensable à la perpétuation des espèces. Partant de là on s’est posé la question de savoir comment des insectes mâles et femelles d’une taille millimétriques arrivaient à se retrouver dans l’immensité d’un paysage pour s’accoupler. C’est ainsi qu’on a découvert un nouveau niveau d’organisation du vivant : la population. Avant Darwin on pensait que les êtres se disposaient sur terre au hasard. Grâce à lui on a découvert un nouveau champ de la biologie : la biologie des populations = écologie.

    Mais la démarche de Darwin est aussi exemplaire du fonctionnement de la science : c’est l’accumulation de données (voyage du Beagle) qui engendre le débat. La science n’est rien d’autre qu’accumulation de données. Les mots n’ont pas d’intérêt pour nous (relisez Asimov, qui était physicien, il en parle très bien). Moins il y en a, mieux nous nous portons.

    C’est en celà que nous nous différencions des politiques, journalistes, associatifs qui font tous plus ou moins du marketting et qui passent leur temps à inventer des mots sans réalité pour ensuite les vider de leur sens et finalement leur faire dire le contraire. Et parce que ces gens ignorent systématiquement les données, leurs débats dégénèrent presque inévitablement en attaques sur les personnes.

    Pour cette raison, moi qui ai passé toute ma vie à protéger Mère Nature, je partage totalement l’avis de Meadows sur Rio dont je me fiche complètement et je m’amuse beaucoup de l’acidité de son analyse.

    Sur ce, je retourne à mes inventaires. çà au moins c’est concret.

    Mr Meadows : all my respect to you !

  • Nicolas Brousse
    Nicolas Brousse 
    Etudiant à Paris

    Dennis Meadows semble oublier que Malthus proposait des solutions scandaleuses pour faire face à la pénurie alimentaire qu’il prédisait. Il proposait notamment qu’on encourage - pour ne pas dire qu’on oblige - le célibat. Cela lui a valu bien des critiques

  • Karavi
    Karavi 
    imaginatrice

    C’était en 1992. Il faut voir l’embarras des adultes qui avaient le souffle coupé devant la pertinence d’une fillette.

  • Lambert Caus
    Lambert Caus 
    Generation desenchantee

    Très bel article. J’adhère totalement aux propos de M. Meadows...sauf son pessimisme, je pense que la crise va servir de douche froide : une société de consommation ou la majorité des moins de 30 ans n’a pas d’emploi et ne peut pas consommer ça risque d’être dur à faire passer comme pillule, même pour les meilleurs publicitaires ! Pour la décroissance, j’ai bien aimé le concours lancé parmi les commentaires, continuons car c’est vrai que ce mot est horrible, impossible de rallier des foules avec ça ! je propose le terre à terre « qualité durable » ou le poétique « choix du futur » sinon pourquoi pas le publicitaire « économie renouvelable » ; -)

  • Lambert Caus
    Lambert Caus 
    Generation desenchantee

    Très bel article. Un peu de fond et de susbstance dans ce monde si superficiel...Je serai moins pessimiste que lui sur notre volonté de changement. Quand une majorité de jeunes sera au chômage, le miroir de la société de consommation inatteignable elle aura certainement envie de changer les choses ! D’ailleurs la crise nous impose déjà une décroissance mais non choisie celle-là ! Je suis d’accord que la mot « décroissance » ne permettra jamais de mobiliser les foules. Bravo aux internautes qui ont fait des propositions, je continue, lançons un concours ici sur les posts ! 
    « qualité durable » « Consommation choisie » « Choix réfléchi » « terre de partage »...à vos claviers

  • Corellien
    Corellien répond à PaulDe 
    Mutin

    Vous devriez jetter un coup d’oeil au livre-synthèse de Jared Diamond « Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie“. Ce biologiste et anthropologue montre justement que les sociétés, y compris prospères, se sont effondrées non pas à cause d’un ‘retour en arrière’ mais parce que les civilisations ont toujours voulu aller ‘plus loin’ sans se préoccuper des questions environnementales et démographiques.
    Sans être un plaidoyer pour la décroissance, ce livre montre bien qu’espérer continuer à produire/consommer/se reproduire toujours à l’infini dans une biosphère au ressources finies n’est pas faisable dans le temps.
    Donc votre ‘fin de l’entretien des aqueducs, viaduc, thermes’ viendra de toutes façons si on conserve notre modèle.

  • Nord
    Nord répond à fredpop 
    Personnage de roman

    L’erreur fondamentale est d’envisager la croissance comme naturellement destructrice. Elle peut l’être effectivement mais si elle est créatrice au-delà de la destruction, le bilan est positif pour tous. J’admets facilement qu’on en est loin, mais c’est principalement pour cela que je refuse de condamner la croissance (comme je ne lui voue pas un culte aveugle).

    Ceci étant, il faut poser des le départ le postulat suivant : exploiter une ressource jusqu’à la faire disparaître est intrinsèquement stupide et je connais suffisamment d’industriels qui internalisent entièrement leurs coûts externes (principalement leur impact sur l’environnement, mais pas uniquement) et génèrent bien plus de valeur ajoutée que les exploiteurs purs et durs. « empoisonner » c’est trop réducteur et j’aimerais souligner à propos de l’agriculture que les OGM existent depuis des siècles et ont permis de nourrir de plus en plus de gens pour de moins en moins d’argent.

    Et les médias ne sont pas tenus par « ces pollueurs », faut arrêter. Même s’ils l’étaient, il existe un truc franchement plus piussant qui s’appelle internet et oú on peut encore parler librement et échanger des informations sans çensure ou pression politique (enfin pour l’instant). Suffit de voir l’affaire Wikileaks pour se rendre compte que « les médias appartenant aux puissants » ça ne veut plus dire grand chose. Vous avez raison : le combat est inégal ... tant que vous acceptez cette vision tronquée, superbement maintenue vivace par ceux qui y ont intérêt. En réalité, si les états nous abreuvent de LOPPSI, HADOPI, ACTA etc c’est bien qu’il y a un risque de laisser l’information circuler librement et, je pose la question : limite-t-on quelque chose quand il n’y a aucun danger ? Non bien sur, et donc CQFD ; -)

    Moi les années 70 je les ai connues ... Vous voulez que je vous parle de la pollution automobile ou industrielle dans ces années-là ? Bien pire qu’aujourd’hui jours savez ... Quant aux rares scenarios-catastrophe qui se sont réalisés, j’aimerais quand même rappeler que d’autres délires n’ont jamais vu le jour et que d’autres menaces ont été bien maîtrisées voire éradiquées.